Prix Hans Platschek
La Fondation Hans Platschek fondée à Hambourg en 2005 par l’avocat Kurt Groenewold, décerne depuis quatorze ans le prix Hans-Platschek d’art et littérature.
Hans Platschek était un peintre et écrivain qui mort en l’an 2000 et qui fut un des principaux théoriciens et critiques d’art de la seconde moitié du XXe siècle. Né à Berlin, il émigra avec ses parents en Amérique du Sud pour échapper aux persécutions des nazis dues au fait que sa mère était juive, puis s’installa à Hambourg après avoir vécu dans de grandes villes telles que Londres, Paris et Rome.
Lauréat du prix 2025: Ingeborg Lüscher

Le 18e Prix Hans Platschek pour l'art et l'écriture, décerné chaque année par la Fondation Hans Platschek à art karlsruhe, est attribué cette année à l'artiste germano-suisse Ingeborg Lüscher.
Née en Saxe en 1936, Lüscher, qui a d'abord étudié l'art dramatique et la psychologie, ne s'est consacrée aux arts plastiques qu'à partir des années 1970. Sa documentation photographique sur l'œuvre d'Armand Schulthess a été exposée dès 1972 à la documenta de Kassel. Entre-temps, son art s'est étendu, entre autres, au cinéma, à la peinture et à la sculpture. Lüscher utilise des matières organiques pour ses travaux et, depuis le milieu des années 1980, elle se sert en particulier de soufre, dont elle met souvent le jaune en correspondance chromatique avec un noir obtenu à partir de cendres et d'acrylique. Il en résulte des images d'origine dialectique, qui témoignent d'une attitude à la fois poétique et radicale. Parallèlement à ses arts plastiques, Lüscher est active dans la littérature. Elle partage ce double talent avec Hans Platschek.
Lüscher a été choisie par Bettina Steinbrügge, directrice générale du Mudam Luxembourg - Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean, qui fait partie du conseil d'administration de la Fondation Platschek de Hambourg depuis 2017. Steinbrügge a été désignée par le conseil d'administration de la fondation comme juré solo du prix de cette année.
sélection d'œuvres Ingeborg Lüscher

Sulphur, glue, sawdust, plaster and wood.
Credit: Ingeborg Lüscher/Hans Platschek Stiftung
Hans Platschek, le modèle
Le peintre et écrivain Hans Platschek, né à Berlin en 1923 et mort à Hambourg en l’an 2000, compte parmi les principaux artistes allemands de l'art après 1945. Comme nombre de ses collègues, il a tout d’abord privilégié l’art abstrait, principalement dans des tons sombres et terreux, avant de passer progressivement à l’art figuratif dès la fin des années 1950. Ce que certains de ses contemporains n’ont d’ailleurs pas hésité à qualifier de trahison. Inversement, divers livres et articles particulièrement iconoclastes (en particulier De la bêtise en peinture et De Dada au Smart Art) ont fait de Platschek un critique précurseur et combatif, dont les thèses osées ont été à l’origine de débats toujours très animés.
Interview
Karlheinz Schmid, auteur et directeur de la publication du magazine Kunstzeitung, parle de Hans Platschek
Karlheinz Schmid: Il avait le rare talent de savoir associer intellectualisme à sensualité. C’est ce qui caractérisait sa personnalité, ces deux forces étant comme des soupapes qui canalisaient sa pensée et son ressenti en public. Hans Platschek peignait ce qu’il ne pouvait ou ne voulait pas décrire. Inversement, il complétait toujours ses tableaux lorsqu’ils menaçaient d’être mal compris ou de ne pas exprimer totalement sa pensée. Il a maîtrisé cette interaction avec virtuosité jusqu’à la fin de sa vie.
Karlheinz Schmid: Il ne fait aucun doute que Platschek était suffisamment intelligent et compétent pour travailler de manière scientifique. Cela dit, il affectionnait particulièrement de renforcer la couleur de ses tableaux et dessins avec des mots. C’était à la fois un peintre et un homme de lettres. Il s’est intéressé à la peinture durant toute sa vie et n’a jamais hésité à cracher dans la soupe lorsque c’était nécessaire, par exemple en attaquant personnellement tel ou tel collègue dont il ne partageait pas le message pictural. C’était un polémiste comme il n’y en a eu guère dans le monde de l’art ces dernières décennies.
Karlheinz Schmid: Sa vraie bête noire était Joseph Beuys. Je n’oublierai jamais comment nous nous sommes chamaillés durant des nuits entières au début des années 1980, avant que Beuys ne meure prématurément alors qu’il était au faîte de sa gloire. Platschek formulait de manière élaborée ce que d’aucuns dans le public soupçonnaient, à savoir que Beuys était un charlatan. J’ai souvent pensé qu’il le faisait juste pour impressionner les garçons et les filles des quartiers branchés de Hambourg, mais combien de fois ai-je retrouvé ses critiques dans les journaux… C’était une époque très animée, on avait l’impression que l’art jouait son va-tout.
Karlheinz Schmid: Ce que je regrette, c’est ce grand artiste, cet ami qui était comme un père pour moi. Mais je me réjouis que, tous les ans à l’occasion du salon art karlsruhe, la Fondation Hans-Platschek de Hambourg puisse organiser une exposition et décerner un prix qui renvoient à l’œuvre, toujours d’actualité, de ce peintre et critique d’art.
Anciens lauréats :
- 2023 Cornelia Schleime, peintre | Sélectionné par : Dr. Thomas Köhler, Directeur de la Berlinische Galerie
- 2022 Osmar Osten, peintre | Sélectionné par : Ulrike Lorenz, présidente de Klassik Stiftung Weimar
- 2021 Monika Baer, peintre | Sélectionné par: Christina Végh, directrice de Kunsthalle Bielefeld
- 2020 Helga Schmidhuber, peintre | Sélectionné par : Prof. Dr. Alexander Klar, directeur de la Kunsthalle Hamburg
- 2019 Monica Bonvicini, peintre et artiste de performance | Sélectionné par : Prof. Bettina Steinbrügge, historien de l’art
- 2018 Michael Kunze, peintre | Sélectionné par : Dr Gregor Jansen, historien de l’art, journaliste et commissaire d’expositions
- 2017 Jonathan Meese, peintre et artiste de performance | Sélectionné par : Florian Illies, historien de l’art et critique d’art
- 2016 Justin Almquist, artiste américain | Sélectionné par : Matthias Mühling, directeur de la Städtische Galerie Lenbachhaus
- 2015 Rikuo Ueda, artiste japonais (Osaka) | Sélectionné par : Sebastian Giesen, historien de l’art
- 2014 Sandra Boeschenstein, artiste suisse (Zürich) | Sélectionnée par : Ulrike Groos, directrice du Kunstmuseum Stuttgart
- 2013 GIOM (Guillaume Bruère), peintre, sculpteur, dessinateur et artiste de performance français | Sélectionné par : Robert Fleck, Kunstakademie Düsseldorf
- 2012 Rolf Bier, peintre, écrivain et créateur d’objets artistiques | Sélectionné par : Ulrich Krempel, directeur du Sprengel Museum Hannover
- 2011 Werner Büttner, auteur d’aphorismes et créateur d’œuvres picturales | Sélectionné par : Harald Falckenberg, collectionneur
- 2010 Monika Grzymala, dessinatrice et créatrice d’installations en papier | Sélectionnée par : Axel Hecht, critique d’art et ancien rédacteur en chef du magazine Art
- 2009 Friedrich Einhoff, peintre et dessinateur | Sélectionné par : Werner Hofmann, ancien directeur de la Hamburger Kunsthalle
- 2008 F. W. Bernstein, dessinateur et auteur satirique | Sélectionné par : Manfred Eichel, ancien directeur d’aspekte