Prix Hans Platschek
La Fondation Hans Platschek fondée à Hambourg en 2005 par l’avocat Kurt Groenewold, décerne depuis quatorze ans le prix Hans-Platschek d’art et littérature.
Hans Platschek était un peintre et écrivain qui mort en l’an 2000 et qui fut un des principaux théoriciens et critiques d’art de la seconde moitié du XXe siècle. Né à Berlin, il émigra avec ses parents en Amérique du Sud pour échapper aux persécutions des nazis dues au fait que sa mère était juive, puis s’installa à Hambourg après avoir vécu dans de grandes villes telles que Londres, Paris et Rome.
Lauréat du prix 2023 : Paula Doepfner
"Une actualité impressionnante", c'est ce que Marion Ackermann, directrice générale des collections d'art nationales de Dresde, reconnaît aux dessins-textes de Paula Doepfner, née en 1980 et vivant à Berlin. L'artiste a été maître-élève de Rebecca Horn à l'université des arts de Berlin et se penche sur les crises et les guerres. Elle est donc considérée comme une dessinatrice à orientation existentielle. Elle suit ainsi les traces littéraires d'écrivains tels que Paul Celan et Robert Musil.
Marion Ackermann a été invitée par l'organisateur du prix - la fondation Hans Platschek de Hambourg - à nommer une personnalité en tant que juré solo pour le prix 2024. L'œuvre de Paula Doepfner, qui se compose souvent de mots parlés et de créations picturales, établit une relation congéniale avec Hans Platschek.
Paula Doepfner est actuellement représentée jusqu'au 28 janvier 2024 par une exposition, "Darkness at the break of noon", au château de la résidence des collections d'art nationales de Dresde. Pendant art KARLSRUHE 2024, elle dialoguera avec les œuvres de Hans Platschek dans le hall 3 de la foire. La lauréate, qui assiste régulièrement à des autopsies et fait des croquis à la Charité de Berlin, documentera de manière impressionnante pour le grand public que l'art est bien plus que la création de belles images. Tout à fait dans l'esprit de Hans Platschek.
sélection d'œuvres Paula Doepfner
Paula Doepfner, "I got nothing, Ma, to live up to", texte : "N'oublie pas ton nom - Les enfants d'Auschwitz" d'Alwin Meyer, encre sur papier Gampi, 101 x 180 cm, 2022 - 2023. Photo : Mathias Schormann
Hans Platschek, le modèle
Le peintre et écrivain Hans Platschek, né à Berlin en 1923 et mort à Hambourg en l’an 2000, compte parmi les principaux artistes allemands de l'art après 1945. Comme nombre de ses collègues, il a tout d’abord privilégié l’art abstrait, principalement dans des tons sombres et terreux, avant de passer progressivement à l’art figuratif dès la fin des années 1950. Ce que certains de ses contemporains n’ont d’ailleurs pas hésité à qualifier de trahison. Inversement, divers livres et articles particulièrement iconoclastes (en particulier De la bêtise en peinture et De Dada au Smart Art) ont fait de Platschek un critique précurseur et combatif, dont les thèses osées ont été à l’origine de débats toujours très animés.
Interview
Karlheinz Schmid, auteur et directeur de la publication du magazine Kunstzeitung, parle de Hans Platschek
Karlheinz Schmid: Il avait le rare talent de savoir associer intellectualisme à sensualité. C’est ce qui caractérisait sa personnalité, ces deux forces étant comme des soupapes qui canalisaient sa pensée et son ressenti en public. Hans Platschek peignait ce qu’il ne pouvait ou ne voulait pas décrire. Inversement, il complétait toujours ses tableaux lorsqu’ils menaçaient d’être mal compris ou de ne pas exprimer totalement sa pensée. Il a maîtrisé cette interaction avec virtuosité jusqu’à la fin de sa vie.
Karlheinz Schmid: Il ne fait aucun doute que Platschek était suffisamment intelligent et compétent pour travailler de manière scientifique. Cela dit, il affectionnait particulièrement de renforcer la couleur de ses tableaux et dessins avec des mots. C’était à la fois un peintre et un homme de lettres. Il s’est intéressé à la peinture durant toute sa vie et n’a jamais hésité à cracher dans la soupe lorsque c’était nécessaire, par exemple en attaquant personnellement tel ou tel collègue dont il ne partageait pas le message pictural. C’était un polémiste comme il n’y en a eu guère dans le monde de l’art ces dernières décennies.
Karlheinz Schmid: Sa vraie bête noire était Joseph Beuys. Je n’oublierai jamais comment nous nous sommes chamaillés durant des nuits entières au début des années 1980, avant que Beuys ne meure prématurément alors qu’il était au faîte de sa gloire. Platschek formulait de manière élaborée ce que d’aucuns dans le public soupçonnaient, à savoir que Beuys était un charlatan. J’ai souvent pensé qu’il le faisait juste pour impressionner les garçons et les filles des quartiers branchés de Hambourg, mais combien de fois ai-je retrouvé ses critiques dans les journaux… C’était une époque très animée, on avait l’impression que l’art jouait son va-tout.
Karlheinz Schmid: Ce que je regrette, c’est ce grand artiste, cet ami qui était comme un père pour moi. Mais je me réjouis que, tous les ans à l’occasion du salon art karlsruhe, la Fondation Hans-Platschek de Hambourg puisse organiser une exposition et décerner un prix qui renvoient à l’œuvre, toujours d’actualité, de ce peintre et critique d’art.
Anciens lauréats :
- 2023 Cornelia Schleime, peintre | Sélectionné par : Dr. Thomas Köhler, Directeur de la Berlinische Galerie
- 2022 Osmar Osten, peintre | Sélectionné par : Ulrike Lorenz, présidente de Klassik Stiftung Weimar
- 2021 Monika Baer, peintre | Sélectionné par: Christina Végh, directrice de Kunsthalle Bielefeld
- 2020 Helga Schmidhuber, peintre | Sélectionné par : Prof. Dr. Alexander Klar, directeur de la Kunsthalle Hamburg
- 2019 Monica Bonvicini, peintre et artiste de performance | Sélectionné par : Prof. Bettina Steinbrügge, historien de l’art
- 2018 Michael Kunze, peintre | Sélectionné par : Dr Gregor Jansen, historien de l’art, journaliste et commissaire d’expositions
- 2017 Jonathan Meese, peintre et artiste de performance | Sélectionné par : Florian Illies, historien de l’art et critique d’art
- 2016 Justin Almquist, artiste américain | Sélectionné par : Matthias Mühling, directeur de la Städtische Galerie Lenbachhaus
- 2015 Rikuo Ueda, artiste japonais (Osaka) | Sélectionné par : Sebastian Giesen, historien de l’art
- 2014 Sandra Boeschenstein, artiste suisse (Zürich) | Sélectionnée par : Ulrike Groos, directrice du Kunstmuseum Stuttgart
- 2013 GIOM (Guillaume Bruère), peintre, sculpteur, dessinateur et artiste de performance français | Sélectionné par : Robert Fleck, Kunstakademie Düsseldorf
- 2012 Rolf Bier, peintre, écrivain et créateur d’objets artistiques | Sélectionné par : Ulrich Krempel, directeur du Sprengel Museum Hannover
- 2011 Werner Büttner, auteur d’aphorismes et créateur d’œuvres picturales | Sélectionné par : Harald Falckenberg, collectionneur
- 2010 Monika Grzymala, dessinatrice et créatrice d’installations en papier | Sélectionnée par : Axel Hecht, critique d’art et ancien rédacteur en chef du magazine Art
- 2009 Friedrich Einhoff, peintre et dessinateur | Sélectionné par : Werner Hofmann, ancien directeur de la Hamburger Kunsthalle
- 2008 F. W. Bernstein, dessinateur et auteur satirique | Sélectionné par : Manfred Eichel, ancien directeur d’aspekte